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Le syndrome de l'imposteur chez les artisan·e·s

Photo du rédacteur: Axel & BoisAxel & Bois

Le syndrome de l'imposteur est un phénomène psychologique qui touche de nombreuses personnes, notamment dans les milieux créatifs et artisanaux. Malgré des preuves évidentes de succès, les personnes affectées par ce syndrome doutent de leurs compétences et de leur légitimité. Cet article explore les manifestations du syndrome de l’imposteur chez les artisan·e·s, en mettant en lumière les défis auxquels ils et elles sont confronté·e·s. Nous proposons également des pistes concrètes pour surmonter ce phénomène et retrouver confiance dans son travail.


Qu’est-ce que le syndrome de l’imposteur ?

Le syndrome de l’imposteur désigne un phénomène psychologique qui pousse une personne à douter constamment de ses compétences, de ses réalisations et de sa légitimité, malgré des preuves objectives de succès. Ce terme, popularisé dans les années 1970 par les psychologues Pauline Clance et Suzanne Imes, touche particulièrement les milieux créatifs et artisanaux où le travail repose souvent sur des créations personnelles et subjectives.


le syndrome de l imposteur dans l artisanat

Les personnes souffrant de ce syndrome ont l’impression d’être des "fraudes" et craignent constamment d’être "démasquées". Parmi les manifestations courantes, on retrouve des pensées récurrentes telles que :


  • "Je ne mérite pas mon succès."

  • "Je ne suis pas à la hauteur."

  • "C’est une question de chance, pas de talent."


Ces doutes peuvent entraîner un sentiment d’infériorité ou la peur paralysante de l’échec, même lorsque ces personnes ont les compétences nécessaires pour accomplir leur travail avec brio.


Dans les milieux créatifs, où le succès est souvent subjectif et lié à l’interprétation personnelle, le syndrome de l’imposteur est encore plus prévalent. Selon certaines études, près de 70 % des individus déclarent avoir ressenti ce phénomène au moins une fois dans leur vie, et les artisan·e·s, avec leur besoin constant de se réinventer, ne font pas exception.


Le syndrome de l’imposteur n’est pas une pathologie, mais il peut avoir des effets significatifs sur le bien-être mental, limitant la capacité des artisan·e·s à s’épanouir et à exprimer pleinement leur potentiel. Une meilleure compréhension de ce phénomène est essentielle pour le surmonter.


Comment se manifeste le syndrome de l’imposteur chez les artisan·e·s ?

Dans l’artisanat, où l’authenticité et le savoir-faire sont mis en avant, le syndrome de l’imposteur peut se manifester de manière particulière. Voici quelques exemples concrets de son impact sur les artisan·e·s :


1. Doutes permanents sur la qualité du travail

De nombreux artisan·e·s remettent en question la valeur de leurs créations, même lorsque leurs client·e·s ou leur entourage les complimentent. Ils ou elles se demandent si leurs pièces sont réellement originales, bien conçues ou dignes d’être vendues à un prix décent. Cette autocritique excessive peut freiner leur créativité et leur productivité.


2. Peur de s’exposer

Le syndrome de l’imposteur peut pousser certain·e·s artisan·e·s à éviter de promouvoir leur travail. Par peur des jugements ou des critiques, ils ou elles hésitent à participer à des marchés, à partager leurs créations sur les réseaux sociaux ou à postuler pour des concours et des expositions.


3. Tendance à se comparer aux autres

Les artisan·e·s peuvent avoir tendance à se comparer à leurs pairs, notamment sur les réseaux sociaux. Cette comparaison peut alimenter un sentiment d’infériorité, renforçant l’idée qu’ils ou elles ne sont "pas à la hauteur".


4. Sous-évaluation de son travail

Le syndrome de l’imposteur peut amener les artisan·e·s à fixer des prix trop bas pour leurs créations, persuadé·e·s qu’elles ne valent pas davantage. Cela ne reflète pas seulement une sous-estimation de leur talent, mais peut également nuire à leur viabilité économique ainsi qu'à l'image de leur profession.


5. Procrastination ou perfectionnisme

Certain·e·s artisan·e·s affecté·e·s par le syndrome de l’imposteur oscillent entre procrastination et perfectionnisme. Soit ils ou elles évitent de finaliser leurs projets par peur qu’ils ne soient pas parfaits, soit ils ou elles passent un temps démesuré à les peaufiner, rendant leur travail inefficace et épuisant.

Ces manifestations, bien qu’ancrées dans des perceptions personnelles, sont souvent exacerbées par les attentes élevées des artisan·e·s envers eux-mêmes et par les pressions sociales liées à la réussite dans un domaine passionnel. Mais il est possible de travailler sur ces freins pour regagner confiance et sérénité dans sa pratique.


Comment surmonter le syndrome de l’imposteur dans l’artisanat ?

S’affranchir du syndrome de l’imposteur demande un travail sur soi, mais c’est une étape essentielle pour retrouver sérénité et confiance dans son activité artisanale. Voici des pistes concrètes pour avancer :


1. Reconnaître et accepter ses doutes

Le premier pas pour surmonter le syndrome de l’imposteur est d’en identifier les signes et de reconnaître qu’il est normal de ressentir des doutes. Plutôt que de les laisser dominer, apprenez à les observer sans jugement et à les accepter comme une partie du processus de croissance personnelle et professionnelle.


2. Revisiter vos réussites

Prenez le temps de faire le point sur vos accomplissements. Notez les projets réussis, les retours positifs de vos client·e·s et les étapes franchies dans votre parcours. Ces preuves concrètes de vos compétences et de votre progression peuvent être un antidote puissant aux pensées négatives.


3. Se fixer des objectifs réalistes

Plutôt que de viser une perfection impossible, fixez-vous des objectifs atteignables et mesurables. Cela vous permettra de constater vos avancées et de vous concentrer sur ce qui est réalisable, plutôt que sur des standards inatteignables.


4. Demander des retours constructifs

Ne restez pas seul·e face à vos doutes. Demandez des retours sincères et bienveillants à des personnes de confiance, comme des collègues artisan·e·s, des mentor·e·s ou même vos client·e·s. Cela vous aidera à prendre conscience de la valeur réelle de votre travail.


surmonter le syndrome de l imposteur

5. Célébrer chaque petite victoire

Accordez-vous le droit de célébrer vos réussites, même modestes. Qu’il s’agisse d’un nouvel apprentissage, d’une commande réussie ou d’un compliment reçu, ces petites étapes sont autant de preuves que vous êtes sur le bon chemin.


6. Partager avec d’autres artisan·e·s

Rejoindre des communautés d’artisan·e·s peut être une source précieuse de soutien et d’inspiration. Échanger avec des pairs permet de relativiser ses doutes, de se sentir moins seul·e et de bénéficier de conseils pour surmonter ses blocages.


7. Investir dans son développement personnel et professionnel

Des formations, des ateliers ou du coaching peuvent aider à renforcer vos compétences techniques et votre confiance en vous. Ces démarches montrent que vous prenez votre activité au sérieux et contribuent à ancrer une image plus positive de vous-même.

En mettant en place ces actions, petit à petit, le syndrome de l’imposteur perd de son emprise. Rappelez-vous qu’être artisan·e, c’est avant tout une aventure humaine, faite d’apprentissage et d’évolution, et que vous avez toute légitimité à y participer pleinement.


Est-ce qu'on doute chez Axel & Bois ?

En tant qu’artisan du bois, je n’ai pas été confronté au syndrome de l’imposteur dans mon activité. Mon parcours est construit sur des bases solides : une année d’étude en menuiserie, quatre années consacrées à l’ébénisterie, et plusieurs années d'expériences professionnelles qui m’ont permis d’affiner mes compétences. Ces acquis sont aujourd’hui les piliers de mon entreprise, dont le modeste succès repose en partie sur la maîtrise technique de ma pratique.


Cependant, ma légitimité n’est pas ressentie de la même manière dans une autre facette de mon activité : la fabrication d’outils destinés aux céramistes. Bien que je sois entouré·e de potiers et potières, que je m’instruise constamment sur cet artisanat et que ma communauté d’utilisateurs·rices grandisse, je n’ai suivi aucune formation officielle en céramique. Mon approche est autodidacte, et mon objectif principal n’est pas de devenir céramiste, mais d’apporter une réelle valeur ajoutée à ce milieu grâce à des outils fonctionnels et de qualité.


Pourtant, il m’arrive de douter de la légitimité de sortir un nouvel outil, surtout lorsque je l’ai développé seul. Ce sentiment est une forme atténuée du syndrome de l’imposteur : l’idée que mes créations ne seraient peut-être pas assez pertinentes ou adaptées pour ce milieu car je ne suis pas légitime.


douter de sa legitimite artisanat

La solution que j’ai trouvée pour dépasser ces doutes repose sur la collaboration et l’échange. Avant de commercialiser un outil, je le fais systématiquement tester par des céramistes proches de moi, et j’apporte des modifications basées sur leurs retours. Ce processus m’assure que mes outils répondent aux besoins réels des utilisateurs·rices et me permet d’ancrer ma légitimité dans des retours constructifs.


C’est donc cette dynamique collaborative qui m’aide à ne pas laisser le syndrome de l’imposteur s’installer. En écoutant, en partageant et en acceptant la critique, je renforce la confiance en mes capacités, tout en créant des outils réellement adaptés aux besoins des céramistes.

Comme vous venez de le voir, le syndrome de l'imposteur peut être un frein majeur dans la pratique artisanale et tout le monde peut le ressentir à un moment donné de sa carrière, mais il ne définit pas la réalité de nos compétences. En apprenant à reconnaître nos doutes, à célébrer nos réussites et à nous entourer de soutien, il est possible de surmonter ce phénomène et de renforcer notre légitimité. En tant qu'artisan·e·s, chaque étape, chaque collaboration et chaque retour positif nous rappelle que nous avons toute la place pour créer, innover et évoluer. Il est important de se rappeler que le chemin de l'artisanat est fait de progrès, de réajustements et, surtout, de confiance en soi.

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