Comment calculer son taux horaire pour la poterie et l'artisanat

Quand on se lance dans un métier artisanal — que ce soit la poterie, l’ébénisterie, la céramique ou toute autre forme de création manuelle — on est souvent happé·e par la passion, la matière, le geste. Mais rapidement se pose une question cruciale : combien dois-je facturer mon travail ?

Entre intuition, comparaison aux autres et tâtonnements, beaucoup d’artisan·es fixent leurs tarifs à vue de nez. Or, sans repères solides, c’est le meilleur moyen de travailler à perte, d’épuiser ses ressources et de compromettre la viabilité de son activité.

Ce guide a été pensé pour vous aider à structurer vos calculs, poser des bases concrètes et durables pour vos prix — avec en bonus un outil Excel offert à la fin pour passer à l’action.

💡 Pourquoi estimer son taux horaire pour un.e artisan.e est essentiel ?

Que vous soyez artisan·e débutant·e ou confirmé·e, connaître votre taux horaire est indispensable pour pérenniser votre activité.

• Pour ne pas travailler à perte : Si vos tarifs sont fixés “au feeling” ou calqués sur ceux des autres, vous risquez de sous-estimer vos besoins réels. Résultat : chaque vente peut vous faire perdre de l’argent sans même que vous vous en rendiez compte.

• Pour poser un cadre réaliste à ses tarifs : En connaissant précisément vos charges et votre temps de production, vous êtes en mesure de fixer des prix justes — pour vous comme pour vos client·es. Ce n’est pas du hasard, c’est de la gestion.

• Pour pouvoir évoluer sereinement : Connaître votre taux horaire vous permet aussi d’anticiper : embauches, investissements, changement de statut… Vous avez une base solide pour prendre des décisions éclairées et éviter les mauvaises surprises.

  
  

👉 Bref, ce n’est pas un luxe ou une formalité : c’est la boussole de votre activité artisanale (que ça soit la poterie, la céramique ou tout autre artisanat).

⏱️ Évaluer son temps productif réel

Quand on parle de « taux horaire », on pense souvent au temps passé à produire… mais en réalité, une grande partie du travail artisanal ne se voit pas directement sur la facture.

• Distinguer le temps global et le temps facturable : Être 50 heures par semaine à l’atelier ne signifie pas que vous produisez pendant 50 heures. Il faut différencier votre présence effective du temps réellement dédié à des tâches productives et facturables (création, production, fabrication).

• Intégrer les tâches invisibles : Communication, SAV, devis, comptabilité, logistique, nettoyage, achats… Toutes ces activités sont indispensables mais non rémunérées directement. Elles consomment du temps et doivent être prises en compte.

• Déduire un ratio de productivité réaliste : Une fois ce tri fait, vous pouvez estimer votre temps productif réel. Dans l’artisanat, un ratio de 50 à 70 % est souvent une bonne base. Cela veut dire que sur 50 heures travaillées, en général 25 à 35 heures sont réellement « vendables ».

Ce qu'il faut clairement comprendre de ce ratio, c'est quand on est à 50% de productivité, cela veut dire que chaque heure productive cache une heure non productive. Donc si on facture une heure productive à 40€, en réalité on facture deux heures (une productive + une improductive) à 20€ chacune.

👉 Ce ratio est essentiel pour fixer vos coûts horaires de manière réaliste, sans quoi vous risquez de sous-estimer votre prix de revient.

💸 Lister et estimer ses frais fixes pour un.e artisan.e

Avant même de penser à dégager un revenu, il faut couvrir les frais. Ces charges sont là tous les mois, certaines sont fixes peu importe des ventes ou prestations que vous allez réaliser, d'autres sont variables en fonction de votre production ou alors des cours que vous aller donner par exemple. Le loyer est une charge fixe, les matières premières sont variables.

Parmi les frais les plus courants, on retrouve :

• Le loyer (ou part de votre domicile utilisée pour l’activité),

• Les assurances professionnelle (RC pro, décennale, multirisque, etc),

• L’électricité, le chauffage, l’eau,

• Les matières premières et consommables réguliers,

• L’amortissement du matériel (machines, outils, ordinateur…),

• Les logiciels ou services (compta, design, gestion, stockage),

• Les abonnements, formations ou cotisations diverses,

• Les honoraires de comptable, les frais bancaires,

  
  

👉 Astuce de calcul : raisonner toujours du mensuel vers l’horaire.

1. Additionnez tous vos frais mensuels (ou annuels, si certains sont réglés à l’année),

2. Convertissez ce total en coût annuel,

3. Puis divisez par le nombre d’heures productives estimées dans l’année (voir paragraphe précédent).

   
   

C’est ce calcul qui vous permettra de savoir combien chaque heure de travail doit couvrir pour que votre activité soit viable.

📊 Inclure charges sociales, impôts, TVA éventuelle

Une erreur fréquente dans le calcul du taux horaire : oublier les charges "invisibles". Et pourtant, elles pèsent lourd dans le budget final.

Tout dépend ici de votre statut juridique : auto-entrepreneur·e, entreprise individuelle, société (EURL, SASU). Chaque régime implique des taux de cotisation différents et des obligations spécifiques.

À prendre en compte impérativement :

• Les cotisations sociales (URSSAF, SSI, CIPAV…) : retraite, maladie, allocations, etc.

• Les impôts (impôt sur le revenu, impôt sur les sociétés… selon le cas),

• La TVA, si vous êtes assujetti·e (et si oui, attention à la différence entre HT et TTC !),

• Mais aussi : la prévoyance, la retraite complémentaire, la mutuelle santé — souvent négligées, mais essentielles pour la pérennité de votre activité.

  
  

👉 Pour simplifier les calculs, vous pouvez utiliser un taux de cotisations globales estimé en pourcentage du chiffre d’affaires ou du bénéfice. Ce taux peut aller de 25 % à 50 % selon les régimes.

💡 Exemple : si vos charges sociales et fiscales représentent 40 % de votre CA, alors chaque euro gagné doit intégrer cette part pour que vous puissiez réellement vous rémunérer ensuite.

🧮 Définir un taux horaire juste et durable

C’est le moment de faire les comptes. Grâce aux étapes précédentes, vous avez désormais tous les éléments pour établir votre taux horaire de base.

Voici une formule simple à appliquer :

Taux horaire = (Frais fixes annuels + Revenu net annuel souhaité + Cotisations annuels) ÷ Nombre d’heures facturables par an

Ce calcul vous donne le prix minimum que vous devez facturer à l’heure pour :

• couvrir vos charges,

• vous rémunérer de manière décente,

• assurer la viabilité de votre activité sur le long terme.

  
  

🧭 Ajustez ensuite ce taux selon votre secteur, votre public cible, votre niveau d’expertise et les réalités du marché.

Parfois, il faudra proposer un tarif légèrement inférieur pour rester accessible, ou au contraire, valoriser votre savoir-faire si vous êtes positionné·e sur un segment haut de gamme. Ce taux n’est ni figé, ni universel : il sert de boussole économique. Vous pourrez le faire évoluer en fonction de vos besoins, de votre charge de travail, ou de nouvelles charges à intégrer.

⚙️ Comment optimiser son taux horaire ?

Calculer son taux horaire, c’est une chose. L’optimiser, c’est encore mieux. Deux leviers s’offrent à vous : augmenter votre productivité ou réduire vos charges — idéalement les deux.

🧠 Être plus efficace pour produire plus

L’idée n’est pas de travailler plus, mais de mieux utiliser le temps réellement productif. Quelques pistes concrètes :

• Améliorer son équipement : des outils bien pensés (comme ceux qu’on fabrique chez Axel & Bois 👋) permettent de gagner de précieuses minutes à chaque étape.

• Standardiser certains gestes ou formats pour aller plus vite sans sacrifier la qualité.

• Sous-traiter certaines tâches (compta, site web, logistique…) pour se concentrer sur le cœur de métier.

  
  

👉 Plus vous rationalisez vos process, plus vous pouvez produire en moins de temps… et donc mieux rentabiliser chaque heure passée dans l'atelier.

📉 Diminuer ses charges pour alléger ses coûts

Si vos dépenses fixes sont mieux maîtrisées, votre taux horaire n’aura pas besoin d’être aussi élevé pour couvrir vos besoins. Quelques points à surveiller :

• Choisir un statut adapté (auto-entreprise, EI, société) selon vos revenus et projets.

• Comparer les assurances pros, mutuelles, et autres frais fixes (certaines offres sont vraiment surdimensionnées).

• Trouver un·e comptable ou conseiller·e compétent·e qui connaît bien les spécificités des métiers artisanaux et la vente en ligne, si votre statut vous l'impose.

• Optimiser ses achats de matière : grouper les commandes, choisir des fournisseurs fiables et compétitifs.

📊 Outil offert : un fichier Excel prêt à l’emploi

Pour vous aider à faire tous ces calculs sans vous perdre dans les colonnes et les pourcentages, je vous propose un fichier Excel gratuit à compléter. Il contient :

• un onglet pour estimer votre temps réellement productif,

• un tableau pour lister vos frais fixes annuels,

• un module automatique pour calculer votre taux horaire minimum,

• des cases à remplir selon votre statut juridique et votre imposition,

  
  

🧩 C’est un outil simple, visuel, et entièrement personnalisable selon votre activité. Il vous permet en quelques minutes de poser des bases solides pour structurer vos tarifs et anticiper. Ce fichier reste un estimatif. Il peut être judicieux de remplir de réaliser de nouveau cet exercice après une ou plusieurs années d'activité afin de voir si notre estimation était correcte et de l'ajuster au besoin. Prenez aussi en compte qu'il s'agit d'un taux minimum, puisqu'il faut aussi songer à réaliser des bénéfices et inclure des marges lorsque vous vendez.

En gros, ce petit cadeau que je vous fais, vous permet d'optimiser votre productivité puisque vous n'aurez pas à perdre de temps improductif à le faire, vous venez d'optimiser votre temps.

📥 Téléchargez-le ici :

Détermination taux horaire.xlsx

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Et surtout, n’hésitez pas à l’adapter ou à me faire vos retours si vous avez besoin d’un complément ! Ce taux vous servira de boussole : pour fixer vos prix, évaluer vos marges, anticiper vos projets… mais aussi pour mieux vivre de votre métier, sans sacrifier votre énergie ni vos aspirations.